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Posted on 24th May, 2018 in GR Rencontre et découvertes

ESCAPADE AU PAYS DE CRO-MAGNON

Je marche aujourd'hui sur ses traces par des routes et des chemins, je traverse de vastes forêts de « yeuses », ces chênes au feuillage sombre et persistant. Je suis des vallées encaissées aux rivières tortueuses . Il est arrivé ici il y a 25 000 ans , s'est installé tout au long des belles falaises ocres, que j'admire aujourd'hui. Je suis en Périgord noir. Cro-Magnon y trouva des abris bien exposés, des grottes où il organisa sa vie durant près de 10 000 ans dans le silence des forêts de chênes au cœur de paysages bucoliques . Il y chassa le renne et le bison, pêcha le saumon, fabriqua des outils et nous laissa de son passage dans ces lieux, des chefs d’œuvre d'exception qui font aujourd'hui de cette région, un des hauts lieux de la Préhistoire que je m'apprête à découvrir. Pour un week end, je suis un Homo randonnicus !

PREMIER JOUR

Point de départ : Les Eyzies-de- Tayac et la vallée de la Vézère où nous sommes accueillis à l'entrée de la commune par de magnifiques bisons sculptés ! P1110729.JPG Et tout la -haut, au-dessus des toits du village, sous son abri, Cro-Magnon, la célèbre statue du sculpteur Paul Dardé et sa vision du « moment où la pensée se dégage de la matière » regarde passer la vie d' aujourd'hui ! P1110673.JPG

Quittons à cette mi-journée les Eyzies, où se pressent déjà en ce week-end de mai de nombreux touristes. J'ai choisi de partir découvrir, à quelques kilomètres de là, en direction de Sarlat, un site surprenant  : les cabanes du Breuil.

Ce lieu est magique , si mes petits enfants étaient là , je suis sûr qu'ils se verraient au milieu de ces drôles de petites cabanes dans un village de Stroumpfs ! P1110542.JPG

Construites en pierres sèches sans mortiers, ni charpentes, ces petites habitations, sont des vestiges d'un temps ancien. Au site des cabanes du Breuil , on peut découvrir cette architecture caractéristique dans son expression la plus accomplie. Ce site pittoresque , rassemble en un petit hameau, un ensemble de constructions en parfait état, témoignage de la vie rurale des siècles derniers. DSC09038.JPG

Les cabanes du Breuil, n'est pas seulement un lieu touristique, mais aussi un lieu de vie , protégé, grâce à l'amour et la passion des jeunes propriétaires actuels qui font revivre ici, au milieu des oies , des poules et des canards et même d'un paon, l'histoire de leurs grands-parents. P1110585.JPG

Nous y avons passé quelques heures exquises ou je me suis même essayé à la technique de l' « encorbellement » !

De retour aux Eyzies , nous terminons cette première journée en Périgord noir par la visite de deux sites remarquables : la grotte du Grand Roc et l' abri de Laugerie basse, situé -dans- et au pied d'une falaise de 60m de haut qui court sur 500m de longueur

J'ai beaucoup aimé la grotte du Grand Roc. Comme dans toute grotte vous admirerez, en la visitant, un décor du monde souterrain fait de stalactites, stalagmites, draperies, coulées de calcite et d'excentriques où chacun laisse courir son imagination. On peut même y voir la représentation de la victoire de Samothrace.! Le Grand Roc est une cavité situé au cœur de la falaise , qu'à découvert, en creusant, Jean Maury, le 29 avril 1924. Ce n'est donc pas un boyau formé par l'écoulement d' eaux souterraines. Sa visite a demandé des travaux d'aménagement. La petite taille de cette grotte avec ses étroits passages donne l'impression de progresser dans une géode (!) et de parcourir une véritable forêt minérale tant les cristallisations y sont intenses et variées. Une belle réussite ! DSC09086.JPG

Tout à côté, au pied de la falaise se trouve l'abri sous roche de Laugerie basse, ou plutôt les abris. Une ligne occupée sur près de 300m. Du côté gauche, c’est l’abri classique qui a été intégralement fouillé et comblé en partie par des habitations, et du côté droit, c’est l’abri sous roche des Marseilles dont une partie de la stratigraphie est encore en place sous des blocs de calcaire effondrés. C’est en grande partie l’écroulement de la casquette de l’abri sous roche qui a permis la conservation archéologique. P1110634.JPG

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La visite de Laugerie-Basse est intéressante. On y voit sur place une reconstitution d'un habitat magdalénien et avec une tablette mise à disposition pour la visite, on peut voir l'abri il y a 15 000 ans en réalité virtuelle. Mais surtout à la sortie de la galerie de l'abri on peut voir une stratigraphie exceptionnelle de l'occupation des lieux. P1110623.JPG

Les découvertes réalisées à Laugerie-Basse sont immenses et d'une richesse archéologique exceptionnelle. En plus des très nombreux outils (en os ou bois de renne) et silex en pierre taillée, le site a délivré de nombreux objets ornés, gravés, sculptés. On a ainsi exhumé de véritables miniatures mais également des outils décorés de motifs géométriques. C’est un véritable trésor de plus de 500 artefacts magdaléniens qui a été mis à jour sur le gisement : pointes, flèches, harpons, aiguilles, poinçons, coquilles, bâtons percés… P1110624.JPG

Une visite a ne pas manquer: outre la visite de l’abri des Marseilles ; une salle de projection 3D présente, avant la visite proprement dite, un film sur le site et la formation des abris, ainsi que différents objets retrouvés.

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LE LENDEMAIN

Il fallait se lever tôt pour continuer à remonter le temps !

P1110712.JPG Aujourd'hui au programme, la visite de deux sites remarquables : Les Combarelles et Font de Gaume.

Il s'agit de deux grottes exceptionnelles encore ouvertes au public. Mais le nombre de visiteurs journaliers -pour préserver les fresques gravées et peintes présentent sur les parois -est limité. Pour cette raison , pour avoir quelques chances d'y accéder , vaut mieux être présent sur le site tôt le matin !

Nous avons commencé par Les Combarelles. DSC09194.JPG

C'est le 8 septembre 1901 que la grotte (Combarelles I) a été découverte et reconnue par Denis Peyrony, l'abbé Breuil et Louis Capitan.

C'est l'écoulement d'une rivière souterraine dans le calcaire qui a peu à peu formé la grotte. Celle-ci mesure environ 300 mètres de long sur une largeur d'un mètre en moyenne.

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai découvert les beautés de la grotte : les gravures laissées ici par les hommes de Cro-magnon. cheval-combarelles.jpg

Pour y pénétrer, il fallait ramper, et l'on a dû creuser le sol afin d'y tenir debout. Mais , comment expliquer que des hommes aient choisi cet endroit pour graver dans l'ombre, dans le le fond de la grotte, ces merveilles que je découvre aujourd'hui à la lueur d'une torche. Ce qui saisit, lorsqu'on pénètre dans cette galerie de 300m , c'est ce fouillis incroyable de près de 600 gravures, emmêlées, superposées, mélangées, enchevêtrées .... Incroyable travail d'artistes ! On y reconnaît des bisons, des mammouths, des rennes, de grandes, de petites tailles mais la star des Combarelles est le cheval ! Sans doute colorées ou peintes à l'origine, seules les gravures sont conservées.

Pour continuer , voici Font-de-Gaume. DSC09197.JPG

C'est toujours en 1901, 3 jours après les Combarelles, que la grotte fut découverte par l'abbé Breuil et ses deux compagnons. Cachée sous son rocher , elle n'avait servi d'abri qu'à des troupeaux d'animaux. Mais il fallait aller plus loin dans la grotte, passer un passage très étroit « le Rubicon » pour découvrir une caverne toute décorée de peintures animales. Ils sont là devant moi, épousant la forme du rocher : les bisons de Font-de-Gaume. Des bisons colorés de pigments noirs, bruns, rouges, aux contours raclés, peints ou gravés, en groupes, en frises ou solitaires, faisant corps avec la pierre, épousant les bosses et les creux de la paroi. Un jeu de lumière permet d'imaginer la fresque en mouvement. Un chef d'oeuvre ! Je viens d'assister à la naissance de l'art.

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Important

Pour visiter ces deux grottes , tout est fait pour en préserver l'écologie. Il est important que les pollutions extérieures soient le moins nombreuses possibles. Lors de votre visite vous serez donc invités à laisser à l'entrée vos sacs et vêtements "flottants". Pour les mêmes raisons vous ne devez en aucun cas toucher les parois, même si celles-ci ne comportent pas de représentations (peintures ou gravures). Toutes prises de photos et de vidéos sont évidemment interdites.

(les photos des fresques présentées dans cet article sont issues du site http://www.hominides.com

LE DERNIER JOUR

Pour clôturer ce voyage dans la préhistoire , nous sommes passés par le musée national de la Préhistoire des Eyzies. Entrée gratuite en ce 8 mai !

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Plus de 12 000 objets y sont exposés . C'est comme aux Combarelles , çà donne le tournis !

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Mais le parcours permet d'avoir une vision complète du Paléolithique liée principalement à Neandertal et Homo sapiens : succession des cultures à travers les outils, évocation des faunes, mode de vie, expressions symboliques.

Il nous restait un dernier site à visiter : l'abri du Cap blanc abri-cap-blanc-general.jpg

C'est en 1908 que Raymond Peyrille découvre l'abri. Les travaux de dégagement commence un an plus tard. Un abri de 15 mètres de long apparaît au fur et à mesure du terrassement, délivrant des sculptures et des restes de peintures . L'abbé Breuil est également appelé pour authentifier la découverte. Il publie une description détaillée de l'abri en 1911. La même année, la construction d'un mur de protection en avant de l'abri permet d'exhumer les restes d'un squelette humain.

Aujourd'hui l'abri est entièrement protégé par une construction fermée. Que penser lorsqu'on découvre devant soi cette immense fresque sculptée ? 8 magnifiques chevaux admirablement conservés sont d'une beauté exceptionnelle . Et puis au sol , mon regard se porte sur un squelette recroquevillé.
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Un squelette de femme exhumé à la base de la paroi de l'abri. Il est couché sur le côté gauche en position foetale, une main sur la face. Le corps était placé sous trois dalles de pierre. C'était probablement une femme de 25-35 ans. (Il s'agit bien sûr d'un fac-similé) mais sa présence donne encore plus de vie à l'ensemble de la scène)

En refermant la porte de l'abri se termine ce voyage plein d'émotions sur les traces de Cro-magnon.

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Voici une dernière photo: un château visible depuis le site sur la colline en face. Il s'agit du château de Commargue. Du haut de ses 30m , la tour veille sur la vallée de la Beune, petit affluent de la Vézère.

PS. Après cette première visite touristique, j'ai envie de découvrir ce Périgord sauvage dont ne parle ni les guides , ni les dépliants racoleurs, en parcourant quelques sentiers secrets et y laisser filer mon humeur vagabonde. Il suffit d' ouvrir la Top 25 de Sarlat et celle des Eyzies, d' aiguiser sa curiosité et de suivre quelques chemins noirs ( clin d'oeil à Sylvain Tesson et mon premier article de ce nouveau blog http://www.geologica-rando.com/actus-rando/mes-chemins-noirs) pour tracer une boucle de 4 jours.

Mais une visite en Périgord ne peut se passer sans Monbazillac et Foie Gras! Merci , Charlotte et Marcel pour cette attention et votre accueil.

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A suivre ….

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