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Posted on 21st May, 2017 in GR Balades et randos

DE SAINT GERVAIS / MARE à CLERMONT L'HERAULT

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Je dédie ce blog à Sylvain Tesson qui a eu la gentillesse de me dédicacer ces pages lors de notre rencontre à Montpellier.

28-10- 2016 " Pour Jean-Claude , celui qui poursuit ses rêves et qui sème ses cairns ." Sylvain Tesson

Une alerte rouge émise par météo-france avait différé mon départ pour ce petit trek prévu de longue date. J'ai choisi de traverser à pied, « mon pays » : les hauts-cantons de l'Hérault, en y traçant un itinéraire géologique transhéraultais, original, paysager et patrimonial à la fois. Les roches ont une histoire : au cours des temps géologiques, elles ont façonné le paysage, les hommes les ont utilisées pour bâtir leurs maisons et faire les chemins de pierres sur lesquels nous marchons, sur les pas de nos ancêtres. Quel point commun entre mon point de départ , les contreforts de l'Espinouse et celui d'arrivée, les ruffes du Salagou. Il faut chercher la réponse dans l'histoire géologique de ce territoire : érosion-transport-dépôt. Par contre les différences sont énormes si l'on compare tout au long de l'itinéraire, les paysages, l'habitat, les cultures, l'histoire patrimoniale et la population d'hier et celle d'aujourd'hui. C'est toute cette diversité à découvrir en chemin qui fait l'intérêt de ce trek tracé à ,la manière de Sylvain Tesson, sur les chemins noirs* d'une carte au 1/25000.

« Sur les chemins noirs» c'est le titre du dernier ouvrage de Sylvain Tesson , son carnet de voyage , ces réflexions tout au long des chemins ... ( ceux représentés par un trait noir sur les cartes IGN au 1/25000, souvent non balisés sur le terrain) et qu'il a suivi en traversant la France du col de Tende au Cotentin , en traversant des territoires définis comme étant ceux de l'hyper-ruralité.) (Une carte de France hyper-rurale a été établie par les auteurs du rapport sur l' hyper-ruralité. L'enclavement, la faible densité de population , le manque d' équipement, de services et de ressources sont les critères retenus pour classer dans l' hyper-ruralité 250 « bassins de vie »... nos hauts-cantons de l' Hérault en font partis .

Mes chemins noirs, je pourrais, aussi bien, les appeler : chemin de rencontre ! Rencontre entre l'espace et le temps dont le chemin est le trait d'union. J'ai planifié une marche de 5 jours pour relier les deux villes de départ et d'arrivée de mon trek : Saint Gervais-sur-Mare et Clermont-l'Hérault. Ces deux villes portent des noms de rivière et de fleuve : la Mare et l'Hérault. En chemin, je traverserai le deuxième fleuve côtier important de la région : l'Orb. Si paisibles l'été , ces trois cours d'eaux peuvent devenir dangereux et sortir de leur lit lorsque des épisodes cévenols aux fortes précipitations se produisent.

Cette semaine, la fenêtre météo est favorable et le soleil devrait être de la partie ! Départ prévu au matin du 19 octobre...

J1 – L'Espaze – Valquières .

Pour des raisons de commodité, je suis parti en aval de Saint Gervais-sur-Mare du confluent du petit ruisseau de l'Espaze et de la Mare (je ferai le bout de chemin manquant une autre fois!). Nic, mon épouse m'a laissé ce matin au bord de la route !

P1050838.JPG Il est 10h, le soleil n'a pas encore pénétré dans la vallée de la Mare. Très rapidement , je quitte la petite départementale qui relie l' Espinouse à la vallée de l' Orb, pour gagner les berges de la rivière. La progression n'y est pas aisée. Ses rives sont envahies de ronces et encombrées de branches et troncs d'arbres couchés – cicatrices des dernières inondations, des années précédentes. Après avoir suivi quelques méandres de la rivière, je regagne la route pour m' engager dans les bois. Je suis des sentes, sans doute faites par les passages de sangliers et autres animaux descendant à la rivière pour s'y abreuver. La végétation est dense , je me fraye un passage dans les taillis et buissons et sous les branches des chênes verts, je transpire, je souffle.... la pente est raide, la progression difficile ! je franchis des barres rocheuses, je redescends au fond d'un ravin .... en espérant ne pas me retrouver face à un animal surpris par ma présence dans ce tunnel noir végétal, intense .... ou d'un chasseur ? – c'est jour de battue aujourd'hui ! J'entends quelques tirs au loin. Je remonte le ravin sur son autre versant. J'aperçois le jour, dans une trouée, au-dessus de la cime des arbres.

P1050844.JPG Je débouche au pied d'un … mirador de chasse  ! Je grimpe sur son plateau de bois. La vue au-dessus du couvert végétal est remarquable, la lumière est belle dans cet air matinal chargé encore de l'humidité de la nuit. Une véritable mer d' un vert sombre, domaine des sangliers, s'étale devant moi sur un fond de ciel bleu, domaine des palombes de passage à cette saison  ! Les vols de palombes, ce sont ici, nos flux migratoires si agréables à voir passer dans un ciel bleu au matin d'une belle journée ensoleillée  !

S'il y a un mirador, il y a obligatoirement une piste accessible aux 4x4, car les chasseurs ne suivent pas les chemins noirs et ne viennent pas à pied, jusqu' ici  ! Je ne fais que quelques pas, quelques mètres suffisent et je retrouve le GR7*.

Le GR7 est en France le tronçon du E4, un grand chemin européen de randonnée de 10450km qui commence au fond de l'Espagne et se termine à Chypre!) ce E4 , que j'ai parcouru en Crête en traversant la vallée de la mort!

Mes rêves suivent leur chemin ….. chante Dylan, ( il mérite bien son prix Nobel de littérature, cette année, lui qui fut mon idole ) … et mes pensées aussi ! Je pars, je m'égare un instant sur quelques autres chemins lointains de mes voyages....

P1050848.JPG Pendant ce temps de rêverie solitaire, me voici arrivé sur le plateau de Boussagues. J'ai quitté les schistes de la montagne pour les calcaires du causse, En une heure de marche, j'ai fait un saut de plusieurs millions d'A. terrestres  ! La petite route qui mène à Boussagues est belle sous le soleil. Dans le lointain, sur les crêtes des monts d'Orb, j'aperçois les éoliennes de Dio – ma destination finale du jour. Quelques croix de pierre , une église en ruine me rappellent que j'arrive dans un beau village médiéval  pieux en son temps!

J' entre dans Boussagues. par la rue du Pont Levis ! Je passe sous les murailles du Castellas puis devant la maison du Bailli et celle du Notaire à côté de la fontaine du village.

P1050860.JPG Boussagues: la maison du Bailli

P1050869.JPG Boussagues: l'église fortifiée

Je quitte le village sans avoir vu un chat dans les ruelles désertes. Comme la plupart de nos villages des Hauts-Cantons, il faut attendre l' été pour y retrouver un peu d'animation  . Qui peut vivre encore ici à l'année  ? Un dernier regard sur l'église fortifiée et je reprends mon chemin.

Midi, sonne au clocher de la Tour-sur-Orb. Les enfants sortent de l'école communale, c'est leur dernière matinée de classe avant les vacances de la Toussaint qui commencent sous un beau soleil d'automne.

P1050871.JPG La Tour sur Orb: le viaduc

Vestige du passé minier de la région, je passe sous le viaduc, où se pratique aujourd'hui, le saut à l'élastique  !
Au XIXè siècle , il servait au transport du charbon sur la ligne Graissessac -Béziers. Petit à petit, les mines ont fermé ici, les unes après les autres, jusqu' à l'arrêt en 1993 du dernier wagonnet à Graissessac. Le dernier voyage du train de la mine.

Petit à petit, la population a déserté les villages que je traverse aujourd'hui, sous le regard indifférent de quelques retraités (peut-être d'anciens mineurs nostalgiques des temps vivants) assis devant leur maison, profitant du soleil, avant l'arrivée de l' hiver toujours rude dans ces contrées isolées du département. « Bassin de vie »?Je m' interroge .... . Un petit passage sur la route départementale et je retrouve sur les bords de l'Orb, mon GR7 qui me conduira sur le pas de la porte de ma maison en fin d'après-midi. Habiter ici dans l'hyper-ruralité est un luxe pour des retraités et quelques étrangers aisés, mais sans doute pas pour nos enfants, en manque d'emploi pour eux ici …. c'est l'exode promis vers la plaine! La fin de parcours de cette étape qui ne m'est pas inconnue m' est toujours aussi agréable à parcourir.

P1050877.JPG Je franchis l'Orb sur le pont vieux

Quelques pas de plus et j'arrive à la petite chapelle de St Pierre de Brousson du XIème , cachée au milieu des vignes.

P1050879.JPG Sa lourde porte de chêne est fermée. Il n'y à rien à voler ici, mais victimes de vandalisme, de vols, les portes des édifices religieux sont souvent fermées de nos jours, en dehors des heures des rares offices qui s'y pratiquent encore devant une poignée de fidèles. Le clergé et les communes protègent leur patrimoine. Les vocations et les prêtres se font rares, tout comme les médecins dans nos campagnes  ! Dans nos églises , souvent bien rénovées, on ne s'y retrouve aujourd'hui que pour se recueillir le temps d'un enterrement, si réunir pour un mariage ou un rare baptême , ou pour un concert un soir d'été. En passant, je grappille quelques raisins oubliés sur les ceps par la machine à vendanger  !

Commune de Dio et Valquières, m'indique le panneau sur le bord de la route, je suis arrivé chez-moi !. Le GR7, grimpe dans les ruffes du Permien.

P1050889.JPG Je rentre dans un pays de vignoble. En longeant les vignes de chardonnay du Mas de la Doux, je pense aussi au Rouge Permien, la bouteille bio de la cuvée Permien -un assemblage des vignes anciennes du domaine de Malavieille – que j'ouvrirai à la fin de mon trek ! , En attendant , je me contente de l'eau tirée de mon CamelBak ( marque d'une poche à eau d'hydratation pour les non initiés à la pratique du trek ! Les sacs d'hydratation sont nés d'une idée : la nécessité de boire durant la réalisation d'un effort physique. Le principe des produits Camelbak a été inventé lors de courses cyclistes où il n'y avait que très peu de point de ravitaillement. Les coureurs plaçaient alors une gourde dans une chaussette qu'ils mettaient ensuite dans le dos de leur maillot et la reliaient avec un petit tuyau, fermé par une pince à linge. Quelques années plus tard, ce principe s'est perfectionné et CamelBak offre aujourd'hui, une gamme complète de sacs d'hydratation techniques.

J' attaque les grès de base du Trias fait de gros blocs où sont taillés les marches du chemin ...et les pierres des calvaires ! Après cette petite montée dans le bois de Druilles couvert de chênes verts, je débouche sur une large sente qui m'emmène jusqu'au village de Dio.

Après Boussagues, voici un autre fleuron de notre patrimoine régional  : Dio, son château fort admirablement restauré, son village médiéval à ses pieds. P1050892.JPG Outre son château, la commune de Dio et Valquières possède un très riche patrimoine architectural : un château primitif (le castel vieil?), deux églises, des maisons aux portails romans et fenêtres géminées, deux fontaines-lavoir, les traces de deux moulins à céréales étagés sur le Vernoubrel et celles des camis farrat, chemins muletiers permettant d'accéder aux villages en venant de Bédarieux ou de Lodève. P1050894.JPG Cette fois-ci, je me contenterai de quelques photos et je ne m'attarderai pas d'avantage à Dio. Je reprends ma route.

Pour rentrer chez moi , je préfère abandonner le nouveau tracé du GR qui descend dans les bois, pour suivre la petite route blanche qui longe les champs cultivés, avec en bordure , ses anciennes étagères aux escaliers de pierre, ses capitelles …. P1050896.JPG et toujours des calvaires (Je ne les ai pas comptés sur mon chemin, mais je dois en avoir passé une bonne quinzaine, preuve d'une foi partagée en souvenir du Christ à une certaine époque ! )...
P1050897.JPG et enfin son lavoir couvert .

Ce dernier kilomètre de ma balade est délicieux ! Il ne me reste plus qu'à profiter des derniers rayons de soleil devant ma maison. J'ai parcouru 18kms en flânant et laissant filer mes pensées sur le chemin !

J2 – Valquières – Bédarieux

Aujourd'hui, je ne marcherai que l'après-midi. L'étape ne présente aucune difficulté, mais elle va me permettre de relier Bédarieux autrement que par la route que j'emprunte presque quotidiennement. Ce qui est agréable dans ce petit trek c'est la diversité des territoires traversés. Cette diversité est lié à son histoire géologique qui couvre près de 200 millions d'années d'histoire de la Terre. Depuis mon départ au pied des montagnes primaires de l'Espinouse, j'ai traversé les forêts englouties du Carbonifère, puis j'ai marché sur la Pangée, grimpé sur les blanches falaises de l'ère secondaire, pour aujourd'hui fouler les terres noires des dernières coulées volcaniques qui se sont épanchées ici sur le plateau de Carlencas, il y a, à peine 2millions d' années. Ces coulées de basalte s'étalent sur la dolomie et ses poches de bauxite sur une dizaine de kilomètres. C'est cette diversité d' événements géologiques successifs qui fait la beauté des 15 kilomètres de chemin que j'emprunte aujourd'hui.

Sac au dos, je quitte Valquières. Je passe devant la bergerie de la famille Delmas. Une exploitation en GAEC , dont la principale ressource est la collecte du lait de ses quelques 400 brebis pour la fabrication du fromage de Roquefort. A la saison de la traite , nous avons la chance à Valquières de pouvoir déguster les petits fromages frais, préparés et vendus ici sur place par notre laitière. C'est quand même bien meilleur que mes mini babybels rouge et autre vache qui rie que je transporte au fond de mon sac à dos aujourd'hui ! Je suis sur la petite route qui descend jusqu'au col des Baumes, à la croisée du chemin qui mène à Vernazoubres , autre hameau de la commune. Je ne dois pas l'oublier, mes amis voisins m'en voudrait. Outre qu'il soit le rendez-vous de la diane de chasse de ma commune , le col des Baumes est particulièrement intéressant sur le plan géologique. Je passe de l'ère primaire à l'ère secondaire , du paléozoïque au mésozoïque si vous préférez, par une belle discordance, matérialisée ici par un beau chenal de grès grossier reposant sur la ruffe. Une géologie hésitante, car la mer n'est pas loin et va tout engloutir bientôt pour nous donner bien plus tard les belles falaises blanches où s'abrite nos villages et créant ce magnifique décor naturel dont est fait mon chemin « La beauté sauvera le monde » écrivait Dostoïevski en son temps.Je l'espère encore aujourd'hui ! Je poursuit mon chemin avec cette pensée positive pour rejoindre la D8*

( un clin d' oeil avant de partir à nos deux sympathiques et talentueux artistes Sylvain et Thomas, l'un comédien et chanteur lyrique et l'autre dramaturge, mes voisins et amis de Vernazoubres, fondateurs de la compagnie D8, qui nous régalent chaque saison avec leurs créations théâtrales) « La beauté sauvera le monde »et « l'art en est un instrument » dira S. Boulgakov.

Mon cœur est plein de gaîté puisque beauté et art son à la croisée de mes chemins ce matin. La croisée des chemins , c'est ma petite route qui d'un côté descend sur Bédarieux en suivant le cours du Vernoubrel et de l'autre monte au col de la Merquière, dédié à Mercure. C'est vers lui que je me dirige …. en bon voyageur ! P1050917.JPG Le col de la Merquière est un magnifique belvédère offrant un panorama exceptionnel sur un des plus beau paysage du département : la vallée du Salagou. Aujourd'hui je ne descendrai pas vers le lac, comme le faisait en son temps Mérifontichnus thalerus.

( Ce serait trop long ici de vous parler de Mérifontichnus thalerus, maître des marécages permiens. Je vous invite a vous procurer ce magnifique ouvrage Salagou-Mourèze, notre bestseller book régional ,édité par l'association Matorral, vendu à plus de 8000 exemplaires ; je profite pour remercier Philippe d'avoir eu cette géniale idée de rassembler plus de 200 « amoureux d'ici » pour qu'ils puissent nous faire partager chacun dans leur domaine leurs compétences et cette passion du territoire. Ces « amoureux d'ici » , ils sont chercheurs de renom ou simples contemplatifs, géologues, paléontologues, biologistes, historiens, archéologues, sociologues, architectes, agriculteurs, viticulteurs, éleveurs, peintres, photographes, poètes, sportifs, professionnels du tourisme, pêcheurs... j'en fais parti ! Merci, Philippe, de nous avoir réunis ! )

Je quitte les ruffes pour continuer la route qui me mène jusqu'au village de Carlencas. Ici aussi , s'offre à mes yeux un paysage d'exception. Je suis sur le plateau basaltique. P1050918.JPG Tout autour de moi se décline un paysage de toute beauté. Dans le lointain la méditerranée scintille sous le soleil, devant moi se dresse la muraille caractéristique du Caroux, suivent ensuite les crêtes de l'Espinouse et des monts d'Orb, derrière moi tourne les éoliennes de Dio et Valquières alignées sur la bordure des blanches falaises où se blottissent les deux petits villages Dio et Valquières. Devant moi, m'attend le désert dolomitique de Carlencas. Je traverse le village, les blocs de basalte sont omniprésents dans les constructions des maisons anciennes.

A la sortie du village , je m'arrête un instant sur la plate-forme du belvédère géologique, afin de réviser mes connaissances  ! P1050931.JPG ( ce site est est l’œuvre de l'association APNHC. Merci Bernard , pour cette présentation de notre géologie, pour ton travail pédagogique auprès des enfants, ton enthousiasme toujours intact et ton investissement dans la présentation au grand public et aux écoles et lycées de la dalle paléontologique de la Lieude. Grâce à toi et tes journées Haroun Tazief j'ai pu retrouver ici au cœur d' Hérault, la mémoire et le souvenir de l'homme qui est à l'origine de mon orientation professionnelle, la géologie avec une une pincée d'aventure  ! Je continue mon chemin vers Bédarieux sous un magnifique soleil d' automne. Je marche dans un décor de western sur de longues pistes sableuses, parsemées de rochers blancs ruiniformes de dolomie et de poches rouges de bauxite. Encore un chef d' œuvre de dame Nature ! P1050940.JPG Des chênes verts, des arbousiers (aux fruits rouges mûrs à point dont je me délecte pour mon dessert  !) du romarin, des genévriers, des bruyères arborescentes, etc... je traverse un véritable maquis méditerranéen, j'y plante bien sûr un cairn pour marquer mon chemin.

Le temps d'une pause, d'une pensée, je le quitte comme on laisse un compagnon, une compagne au bord d' un chemin. Lorsque je passe devant un cairn , surtout en montagne, je pense toujours à la main qui l'a construit. Il me rassure, il guide mon chemin puisque je ne suis pas le premier a passer par là. Construire un cairn, c'est aussi penser à ceux ou celles qui passeront après moi. Aujourd'hui, dans le sable au pied de ce cairn, que je dédie à mes ami(e)s de marche, j'ai écrit cette phrase éphémère  : «  Prends ce que le chemin t'apporte  » que j'ai volé à Priscilla Talmon ! P1050939.JPG Puis commence la longue descente vers Bédarieux. Les pins remplacent les chênes verts, aux pistes succèdent des chemins permettant l'accès à quelques mas restaurés. D'usage agricole, ils sont devenus refuges pour quelques amoureux discrets de la nature, venus souvent du nord semble-t-il, si j'en crois les noms écrits sur les boîtes aux lettres à l'entrée du chemin. Nous avons le soleil !....

Bien sûr nous ne possédons pas encore nos usines

On n'a pas formé notre Gouvernement

On n'a pas l'eau courante dans la cuisine

On n'a rien que deux cochons pis une jument

Mais nous avons le soleil oui nous avons le soleil

Oui nous avons le soleil qui chaque jour nous émerveille....

Cinq mille a pied ça use ça use cinq mille a pied ça use les souliers

Le retour à la terre ! Je sifflote en chemin la chanson de Plume. Souvenir de jeunesse alsacienne ! C'est peut-être pour çà que je suis venu habiter ici à Valquières dans le Sud : le soleil!!! P1050946.JPG Après un passage dans un corridor de pierres sèches. Je suis au bord de l'Orb, au pied du viaduc de Bédarieux P1050949.JPG J'arrive au cœur de la ville, « Bédarieux , au cœur d'Orb » !

J'aurai mis 3h30 pour parcourir 14km au pas de promeneur, dans le vent et sous le soleil, pour le bonheur des yeux  et dans la gaîté! J'arrive à temps pour le cours de yoga du soir  que dirige Nic tous les jeudis soirs !

J3 – Valquières – Lodève

C'est l' étape sans surprise qui va m'emmener chez mes enfants et petits enfants Florent et Samuel. Ce soir, j'irai dormir chez vous, les petits ! Mais, sortir de ma maison avec un sac au dos est toujours un grand plaisir. P1050950.JPG A la sortie de mon village , c'est par des chemins de service empruntés par les tracteurs, les troupeaux de brebis et les 4x4 des chasseurs que l'on accède à l' Escandorgue, ce magnifique plateau fait de calcaire, de dolomie et de basalte.

Ici, passent les palombes à cette saison, et paissent encore les troupeaux. J'y rencontre Mr Delmas, le berger emblématique de mon village, gardant ses brebis sur le Mont Martin. J'admire sa dextérité à « manoeuvrer » son troupeau , au volant de sa vieille voiture un peu cabossée ! P1050955.JPG Aux abords de la petite chapelle Saint-Amans, habituellement solitaire ce sont les chasseurs, montés avec leur 4x4, qui occupent le lieu et guettent le passage des premières palombes. P1050957.JPG Balayée par le vent, cette échine volcanique qui sépare les monts d' Orb du Lodévois, m' enchante à chaque traversée. Dans ce lieu de solitude , aux panoramas immenses , je communie avec la pureté de l'espace et me ressource. Je marche, solitaire, sur cette ligne de crête qui offre au regard des panoramas immenses à perte de vue, du lac du Salagou et la barrière de Mourèze d'un côté, au massifs du Caroux et l'Espinouse de l'autre. P1050960.JPG Je suis toujours sur le GR7 mais qui va bientôt se confondre avec le GR 653 lorsque je commence ma descente sur Lodève. Le matin, on peut y croiser quelques randonneurs-pèlerins en marche pour Compostelle. Lodève est une étape de la voie d'Arles, la voie du Sud. J'arrive au col du Cervel , à 591m d' altitude. J'aperçois le petit village perché d'Olmet et plus bas Lodève et la cathédrale Saint Fulcran. Je descends par de larges lacets sur une piste bordée de pins et de frênes. J'arrive au col de la Défriche, à 363m, après 3km de descente. P1050963.JPG Encore , 1h de marche en sous-bois en suivant mes petites marques blanches et rouges, si familières du GR, et je suis sur le parvis de l'imposante cathédrale après 17kms de rêveries solitaires !

Ce trek, est une affaire de famille. Après deux nuits chez moi. Me voici « bivouaquant » dans la chambre de Samuel ! Que du bonheur...

J4 - Lodève – Clermont l'Hérault

J'avais prévu de fractionner cette étape en m'offrant une nuit sur les bords du Salagou , mais une menace d'épisode pluvieux cévenol , m' oblige à réviser mes plans et de réaliser la liaison des deux villes en une étape. Je suis donc parti plutôt ce matin. 10h, je traverse Lodève ! Je récupère le GR que j'ai descendu hier en fin de journée. Je le quitte rapidement pour suivre des pistes dans les pinèdes non balisées mais toutes aussi belles. P1050966.JPG Étrange ressenti ce début de parcours. J'ai l'impression de marcher à contre-sens de l'autoroute , l'A75 que je domine du haut de ma colline ! Le ruban de bitume suit la vallée de la Lergue, longe les falaises au Pas de l'Escalette de la bordure méridionale du Larzac, s'engouffre dans un tunnel pour déboucher sur le causse. Lorsque je croise ou suis une autoroute au hasard de mon cheminement pédestre , regardant le flot de véhicules et de camions qui y circulent, me vient toujours un rêve, celui d'être là, le jour où coulera la dernière goutte de pétrole et d'assister à l'arrêt de toutes les voitures! Ce n'est pas pour demain.... alors pressant le pas, pour m'éloigner du bruit sourd du trafic qui monte jusqu'à moi, je poursuis mon chemin.

Je suis sur un PR qui va me conduire jusqu'au bord du lac du Salagou. Sous le soleil encore présent, le lac aux découpes élégantes brille comme un miroir dans son écrin de velours rouge. Je dois encore rêver !

Le lac du Salagou est un lac de retenue artificielle, d'un petit ruisseau le Salagou, mis en eau de 1969 à 1971et qui vient remplir les canyons et dépressions du relief de ruffes, créant ainsi, un espace aquatique de 750 hectares et un décor unique dans le département de l'Hérault. P1050976.JPG Avant d'arriver sur ses rives, je traverse «  le village rouge  » du Puech , entièrement construit en grès et pélites rouges. Rouge comme le vin issu du vignoble qui l' entoure  ! P1050979.JPG Assis au pied d'un calvaire- ils sont nombreux le long de mon chemin- je repense à l'inscription gravé sur celui de Valquières  : « Passants,souvenez-vous que le Christ est mort pour vous.1884 » Est-ce encore pour lui que les hommes s'entre-tuent encore aujourd'hui  ? 

Un peu plus loin, sur une pelouse, je découvre un autre petit bijou, la petite chapelle Saint-Agricol , monument important, en cours de rénovation, de la commune du Puech. P1050981.JPG Une pensée pour mes amis du M.A.S des Terres Rouges à qui je dédie cette étape du trek !

Si cette chapelle , n'est plus un lieu de culte, aujourd'hui j'en profite pour allumer une bougie près du superbe cairn posé sur la pelouse. P1050983.JPG Bon anniversaire Michel. 70 ans , çà se fête … en l'air. Bon vol à toi !

Voici le dernier village avant le lac, Rabejac. Village à vocation agricole et viticole. Je traverse la Lergue. P1050986.JPG Je pause mon sac au parking des Vailhès, au bord du lac. C'est l'heure de mon Bolino  ! P1050988.JPG Le temps se couvre, la pluie menace, je ne longerai pas aujourd'hui les berges du lac, j'emprunterai la belle piste forestière en surplomb qui me conduit au barrage du Salagou. P1050990.JPG Rencontre surprise avec Sandrine et sa famille ! Rendez-vous ce soir à Clermont l'Hérault à la Bodega pour souffler cette fois les vrais bougies sur le gâteau d'anniversaire de Michel. Aujourd'hui, j'aurai marché 7h et parcouru 28kms … avant la pluie. Juste le temps de planter ma tente au camping de Clermont l'Hérault.

Elle m'avait laissé sur la route de Saint Gervais il y a 4 jours , j'attends ce matin sous mon poncho, Nic à la porte du camping. Mouillé pour mouillé , nous irons barboter (et nager!) au centre aquatique, puis je retournerai avec elle, déguster quelques tapas à la Bodega de Clermont l'Hérault où l'accueil est toujours agréable.

PS: Réaliser un trek, aux portes de mon village, parcourir des chemins que j'ai sillonné maintes fois, reste toujours un plaisir rempli de découvertes car le chemin est toujours différent

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