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Posted on 26th Sep, 2019 in Géologie

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Le cirque de Navacelles est un des plus beaux sites naturels du Languedoc, visité chaque année par des milliers de touristes venant admirer cet immense amphithéâtre calcaire d’un kilomètre de diamètre et 400m de profondeur, taillé et dessiné par la Vis en 3 ou 4 millions d’années.

SITUATION

Aller à Navacelles , c’est d’abord découvrir le Causse, ce paysage qui n’est ni plaine, ni montagne. Les Causses sont ces plateaux situés entre plaine, garrigues et Cévennes dont les altitudes moyennes varient entre 850 et 1000m, séparés et découpés entre eux par des rivières et gorges profondes. On accède toujours à un causse par une ascension, on découvre ensuite toute son étendue, bien souvent sa nudité et sa blancheur de pierrailles et on s ‘arrête à son extrémité, rebord du plateau, paysage vertical face à la vallée et ses merveilles. Notre itinéraire suivra ce cheminement.

A Lodève, nous quitterons les ruffes rouges pour venir nous heurter aux falaises blanches. Il faut grimper par le Pas de l’Escalette ou par le Cirque du Bout du Monde et la Forêt de Parlatges pour accéder au Larzac et rejoindre les gorges de la Vis et Navacelles. Nous découvrirons totalement les paysages du causse, chaos de rochers dolomitiques, pelouses des parcours à moutons parsemés d’arbustes ,sur le chemin du retour qui nous mènera à la Couvertoirade, célèbre cité des Templiers, puis au village du Caylar. Enfin nous quitterons le causse pour retrouver les paysages superbes de l’Escandorgue.

HISTOIRE L’intérêt d’une visite à Navacelles, c’est d’admirer le site et le magnifique travail de la Vis. Perdue dans ses propres méandres la rivière semble inoffensive et pourtant elle est responsable de ce fantastique creusement. Ce paysage est récent mais son origine est lointaine. Il faut revenir au temps de la Téthys ! Rappelez-vous.

C’était il y a 200 millions d’années , une grande mer , la Téthys, ancêtre de notre Méditerranée envahit le Languedoc. Ici, dans la région des Causses, au pied des Cévennes, la mer Jurassique était chaude, peu profonde, par endroits on y trouvait, îles, lagons et barrières de corail, pendant 100 millions d’années, c’est avec le jeu des failles, près de 2000m de sédiments qui se sont accumulés en son fond. Il faudra attendre l’ère tertiaire et les grands mouvements de plaques pour que le paysage se rehausse et que le travail de sape des rivières commence.

PAYSAGES CALCAIRES

Les facteurs qui rentrent en jeu pour façonner un paysage sont très nombreux et variés etsont dépendant des matériaux sur lesquels ils agissent. Ici, à Navacelles, nous allons découvrir les actions géologiques d’un cours d’eau sur un relief calcaire.

Erosion, transport et sédimentation sont les trois actions géologiques d’un cours d’eau. Ces activités se déroulent successivement dans l ‘ espace et dans le temps. Dans un premier temps, une rivière utilise sa force pénétrante pour creuser son lit dans la vallée. Son profil est la résultante de l’action du cours d’eau en son fond et des eaux de ruissellement sur ses flancs, des matériaux rencontrés seront tendres et friables et la pente sur laquelle le cours d’eau évolue. Plus les matériaux rencontrés sont tendres et friables et la pente forte, plus l’ intensité du travail d’érosion de l’eau sera visible sur le relief. En pays calcaire, les terrains sont perméables, tendres et friables, souvent fissurés. De ce fait, dans les vallées, le ruissellement latéral y est faible, seul subsiste le creusement de fond par usure mécanique et dissolution. Le cours d’ eau s’ enfonce verticalement, peut même disparaître parfois, créant de superbes gorges encaissantes aux parois verticales et de magnifiques parcours souterrains. Les matériaux, ainsi arrachés aux reliefs par la force des eaux seront transportés par la rivière, tant qu’elle possèdera une vitesse suffisante, dépendante de sa pente et de son débit. Lorsque ses conditions sont suffisantes, la sédimentation succède à l’ érosion et le cours d’ eau forme une plaine alluviale, ou il peut trouver des difficultés pour se frayer son chemin, il serpentera en de nombreux méandres. Si, les conditions requises pour son activité reviennent, le creusement reprendra et la rivière entaillera un nouveau lit dans ses sédiments, tout en laissant des terrasses sur ses versants, au-dessus d’elle.

Les actions géologiques d’un cours d’eau, érosion, transport et sédimentation sont également dépendantes des mouvements des continents, des variations du niveau de la mer et des conditions climatiques. Par exemple, un mouvement de surrection, une baisse du niveau de la mer accentue la pente d’un cours d’eau et active l’érosion ; inversement, une élévation du niveau de la mer est favorable à la sédimentation. A l’ ère quaternaire, la terre a subi des variations climatiques, alternances de périodes glaciaires et périodes plus chaudes, modifiant le niveau de la mer. En période froide, la mer était basse, les rivières pouvaient creuser leur lit et édifier leurs terrasses ; en période chaude, la mer était plus haute, les rivières perdaient de leur puissance, s’étalaient en plaines alluviales et formaient leurs méandres. L’eau est très active sur un sol calcaire, elle agit par infiltration et par dissolution. Tout massif est fissuré en édifice, fractures ou diaclases où l’eau ne demande qu’à pénétrer et progresser. L’eau pure ne dissous pas les calcaires ! Par contre, acides et chargées de gaz carbonique, les eaux de pluie et de ruissellement ont un important pouvoir de dissolution sur les roches calcaires et vont façonner le paysage.

Falaises et rivières aux gorges encaissées, lapiez, avens, gouffres et rivières aux parcours souterrains ressortant en résurgence caractérisent les paysages calcaires et en font les plus beaux sites naturels de notre patrimoine touristique.

A la fin du Crétacé inférieur, il y a 96 millions d’années, du pied des Cévennes, la mer se retire. Rappelez-vous, à cette époque, la dérive des plaques continuait : l’Atlantique Nord s ‘ ouvrait, l’Espagne se détachait de la Bretagne, se positionnait à la place qui est la sienne aujourd’hui, entraînant la création du Golfe de Gascogne et en même temps chassant l’eau de la Méditerranée et découvrant de vastes étendues calcaires. A peine émergés, les sols calcaires caussenards vont subir le travail de l’érosion, torrents et rivières cévenols vont esquisser un premier relief. Sous climat tropical, des sols rouges latéritiques vont se former favorables à la mise en place des bauxites dans les poches karstiques. Il y a 40 millions d’années, au début de l’ère Tertiaire, une nouvelle chaîne de montagne vient de surgir plus au sud et se dresse des Pyrénées à la Provence, à travers le Golfe du Lion. Notre région caussenarde est ébranlée, disloquée et surélevée. Coincés contre les Cévennes, les Grands Causses vont s’ individualiser et se différencier. Les rivières vont changer de cours et les plus importantes vont creuser leurs canyons, en 2 ou 3 millions d’années, au rythme de 1/10eme de millimètres par an et des caprices de l’ ère Quaternaire.

ITINERAIRE

Cet itinéraire est accès sur l’observation de la Vis, entre Vissec et Navacelles, là où son cours est le plus spectaculaire. Dans des gorges grandioses, elle a, d’abord, abandonnée son cours aérien pour suivre un parcours souterrain, puis jaillir, 4km en aval de Vissec, en résurgence et créer ce splendide défilé fait de cascades et méandres.

C’est, au bord du causse, à la Baume-Auriol, que nous découvrirons ce magnifique panorama et en particulier le cirque de Navacelles et son célèbre méandre.

A l’époque Quaternaire, durant les périodes glaciaires caractérisée par des fortes précipitations et une baisse du niveau de la mer, la Vis a creusé son lit (300m de profondeur). Durant les périodes plus chaudes, moins pluvieuses et au niveau de la mer plus haut, elle s’est étalée et a créé ses méandres. Dans ces méandres, la vitesse de l’eau est inégale. Le débit est plus important à l’extérieur du virage (force centrifuge) qu’à l’ intérieur. La rivière creuse ses rives concaves et dépose ses sédiments sur ses rives convexes où la vitesse est plus faible. Le méandre s’agrandit, se resserre à sa base, les deux coudes finissent par se rejoindre et la rivière coule tout droit abandonnant son méandre.

A Navacelles, le recoupement a eu lieu , il y a 6000 ans (datation au Carbonne 14), après le Wurm, dernière période froide de l’ère Quaternaire. En creusant dans un sol calcaire au milieu de la végétation , le méandre remplit son lit de tufs à végétaux. Ce remplissage a exhaussé la Vis, lui permettant de déborder la base du méandre. Depuis, elle s ‘est enfoncée de quelques mêtres dans ces tufs tendres.

La durée des temps géologiques et l’âge absolue des roches sont souvent obtenus par des méthodes qui utilisent la radioactivité et qui sont fondés sur la désintégration des éléments radioactifs. Leurs atomes instables se désintègrent à une vitesse régulière, mesurable, pour donner des éléments plus stables. Les minéraux des roches, les fossiles contiennent des éléments radioactifs et des éléments stables produits qui seront dosés avec grande précision. Connaissant la vitesse constante de l’élément choisi, le rapport des deux éléments dosés, on en déduit avec beaucoup de précisions supplémentaires l’âge de l’ échantillon mesuré. Ainsi par exemple l’Uranium se transforme en Plomb et un gramme d’Uranium donne 0,007g de Plomb en 1 milliard d’années.

Nous quittons la Baume-Auriol pour rejoindre Vissec et descendre dans les gorges de la Vis. Nous suivons d’abord les méandres du lit asséché de la rivière , pour rejoindre plus bas, sa résurgence à la source de la Foux. Le site est luxuriant et plein de fraîcheur, nous y verrons l’eau jaillir entre deux strates de la roche et s ‘ engouffrer en siphon sous un pont naturel. On poursuivra notre randonnée le long de la rivière , de méandres en méandres, pendant quelques kilomètres avant de changer de rive et revenir à la Foux.

La Foux (de l’occitan « fos » : source, abîme, gouffre) est une résurgence pérenne. Son débit à l’étiage est de 1000 à 1200l/s, volume bien supérieur à celui des eaux qui se perdent au Moulin de Lancy, au Sud de Larzon, ouù la Vis entame son parcours souterrain. La Vis a reçu pendant son passage sous terre des apports d’eaux supplémentaires issus du réseau souterrain hydrographique complexe du Larzac méridional.

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CONCLUSION

C’est une rivière, actrice de la nature, qui aujourd’hui a fait tout le spectacle, laissant peu de place à l’homme sur ses rives. Pourtant, celui-ci a occupé et cultivé ses terrasse’s, à l’abri des ventsfroids balayantle causse. Que connai-on de l’occupation de Navacelles, sa première mention date de 1005, sous le nom de « Nova Cella ». Un petit étazblissement monastique, une « cella » est sans doute à son origine. Mais, son occupation est sans doute plus ancienne, puisque « Nava » en gaulois désigne un creux, une dépression.

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