Posted on 14th Feb, 2023 in GR Rencontre et découvertes
Faugères, petite ville des Avant-Monts de l’ Hérault est surtout connue pour son vignoble, un des terroirs AOC des plus prestigieux du Languedoc. Mais connaissez -vous les Carabelles ?
Sylvie, Florentine, Arlette, ou encore Juliette, Lucie, en vous promenant dans la garrigue de Faugères sur les pentes du Mont Marcou vous allez les rencontrer. Ce ne sont pas des demoiselles de Faugères mais de surprenantes cabanes ressemblant à des igloos de pierre.
En Languedoc, on les appelle capitelles, dans le Faugérois, elles portent le joli nom de carabelles. Elles existent sur tout le pourtour méditerranéen. Elles sont construites par empilement de pierres prélevées sur place, sans utilisation de mortier, ni de liant.
Les murs sont fait essentiellement de gros blocs et le toit de pierres plates reposant les unes sur les autres selon la technique de la voûte à encorbeillement.
La plupart de ces cabanes ont été édifiées entre la fin du XVIIè et le début du XIXè siècle.
Ici, à Faugères, elles sont fort belles, car superbement restaurées par les « fourmis » bénévoles de l’association Pierres Sèches qui, jour après jour , depuis 1998, œuvrent à transmettre ce savoir-faire ancestral inscrit en 2018 par l’ UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’ humanité.
LE PAYSAGE
Partons à leur découverte. Pour cela , il faut monter sur les hauteurs de Faugères, sur les pentes du Mont Marcou, repérable par ses moulins.
Il était autrefois recouvert de vignes, travaillées uniquement à la pioche et détruites par le phylloxéra (maladie de la vigne) au 19ème siècle. De ce temps, seules quelques parcelles ont subsisté jusqu’aux années 1960/70. Les parties laissées incultes servaient de pâtures aux troupeaux de chèvres et de moutons nombreux à Faugères jusqu’au milieu du 20ème siècle. La fin de l’élevage, conjuguée à l’action de l’homme dans les années 80 (plantation de résineux pour lutter contre l’érosion) a profondément modifié la végétation (recul de la garrigue)
Du paysage passé, reste encore par endroit, la chênaie, forêt d’origine naturelle. Le bois, y était exploité de tout temps pour le chauffage (foyer, four à chaux) et la construction. L’écorce et les racines étaient utilisées pour le tannage des cuirs. Le bois était également utilisé pour étayer les galeries de mines.
Dans le paysage , parallèle au chemin actuel on voit encore le très ancien chemin de transhumance Faugères – Hérépian « Lo Camin d’Erepian » bordé de murets.
Ces murets en pierre sèche , vous allez en rencontrer tout au long de votre balade . Ils bordent les chemins mais ils délimitent aussi les anciennes parcelles cultivées.
Le paysage porte encore les traces de ce passé agricole associant l’ élevage ovin , la culture des arbres fruitiers (olivier et amandier), des céréales ( seigle, épeautre) et de la vigne.
C’est dans ce paysage que vous découvrirez les carabelles , isolées dans la garrigue ou parfois encastrées dans un muret
PS. Malgré l’apparence, vous allez marcher dans un environnement fragile qui peut être victime de vandalisme sauvage et irresponsable. Ces murs et ces murets, ces carabelles montés à pierre sèche, sans ciment ni liant sont sont solides , s’ il n’y a pas de volonté de les détruire. Ils sont notre Patrimoine
LE CHEMIN DES CARABELLES
Cet article , a pour but de vous inviter à la découverte; je ne vous livre pas d'itinéraire à télécharger, libre à vous, de vous documenter (topo-guides, cartes , sites web, etc .) et de tracer votre itinéraire. Ils sont nombreux. Vous ne verrez pas toutes les carabelles , elles aussi sont nombreuses, vous aurez parfois le plaisir de les découvrir par surprise au fil de votre balade.
Votre itinéraire vous fera découvrir forcément les moulins de Faugères, mais aussi la ville et ses ruelles et certainement quelques caveaux où les vignerons auront le plaisir de vous faire découvrir quelques bons crus de l' AOC Faugères, fruits de ces raisins qui ont mûris sur ces schistes du faugérois aux couleurs splendides et qui font eux aussi la beauté de ce paysage.
La balade par elle même vous prendra en moyenne 4 ou 5h, ce qui vous laissera le temps de découvrir d'autre sites des Avants Monts qui méritent une visite (sites protohistoriques, sites antiques, églises, châteaux, pigeonniers, etc. De quoi agrémenter votre visite dans le faugérois.
Bonne balade!
Pour commencer, il vous faudra trouver la grenouille! Si vous avez des difficultés , demandez à un habitant de Faugères. Tout le monde la connait.
En fait , c'est le nom du lieu du point de départ de votre balade , elle se trouve sur les hauteurs de Faugères. Vous y arriverez en suivant un beau chemin caladé bordé de murets de pierres.
Vous y êtes ! En route pour découvrir ces demoiselles
Voici SYLVIE, c'est la première. Restaurée et entretenue depuis 2003 , par "les fourmis" de Pierres sèches
FLORENTINE dégagée en 2002, se découvre à son tour sur le chemin des Carabelles,
Un peu à l'écart voici SARDINOUX, elle a le même âge 2002
La solidité du mur de pierre sèche et sa longévité ne dépendent pas de la beauté du parement qui n'est qu'une façade mais de la façon d' appareiller les pierres en arrière de ce parement au fur et à mesure du montage: c'est ça l'art de la pierre sèche; une technique presque de puzzle ou de tricotage où chaque pierre appuie ou en soutient une autre sans laisser de place au vide ni au "bancal" !
Voici ARLETTE
Les bâtisseurs des carabelles sont anonymes ... Ils étaient paysans, ouvriers ou maçons, leurs noms ce sont perdus dans l'Histoire.
L'acte du bâtisseur en pierre sèche est d' imaginer, de dimensionner, de calculer et exécuter. Une "tactique in situ" ... où le bâtisseur pense tout à la fois.
Sur la droite de votre chemin , une sente signalée par des marques vertes (anciennes et peu visibles ) vous emmènent au
MICOCOULIER , c'est un igloo ! Une restauration parfaite.
La forme crée-t-elle la fonction ou la fonction la forme.
La coupole (igloo, hutte ou carabelle) est la forme, la plus économe, la plus primitive de l' habitat. Une sorte de matrice originelle... La technique de la voûte en encorbeillement est un procédé vieux comme le monde. Mais l'ancienneté de la technique n' implique pas l'ancienneté de l' édifice !
On trouve dans les carabelles, une diversité de formes et de fonctions de savoir faire et d'inspirations esthétiques. Nos ancêtres étant essentiellement intuitifs, les calculs n' étaient pas indispensables pour construire. Les possibilités d'expérimentations, couplées avec des connaissances anciennes, des acquisitions nouvelles et l' empirisme leur suffisaient pour inventer.
La liberté des combinaisons que permet l'assemblage des pierres crée une échelle et une harmonie.
En chemin , la vue se dégage, devant vous se découvre le belvédère de Bédarieux , le pic de Tantajo.
Perdue dans la garrigue, voici JULIETTE, restaurée les 6 et 7 avril et dimanche 6 mai 2001 grâce à la participation d'une vingtaine de personnes
Puisque , il y a Juliette , forcément vous allez , pas loin, rencontrer ROMEO
C'est une quinzaine de jeunes et d'enfants de Caux, Laurens, Bédarieux, Puissalicon et Faugères qui l' ont dégagée et restaurée les 3-4-5 juillet 2001. Travail achevé le 1er novembre 2001 par une journée de stage d'initiation organisée par Présence Verte et le P.L.I.E, avec l' Association de la Sauvegarde des Hts Cantons.
Vous en avez fini avec les carabelles , elles sont nombreuses , éparpillées dans la garrigue. Je ne les ai pas toutes découvertes.
A votre tour de partir à leur recherche.
Merci, à toutes ces "fourmis" des Pierres sèches pour ce remarquable travail dans la durée de conservation de ce Patrimoine.
Poursuivez votre balade , grimpez sur la colline où sont implantés les Moulins : le site des Trois Tours , en suivant un chemin botanique. Un chemin autour des plantes aromatiques et médicinales représentatives de la garrigue méditerranéenne qui s'inscrit dans le le projet "Couleurs de Fleurs de Méditerranée"
Vous êtes arrivées aux Moulins. Site touristique majeur de Faugères: le site des Trois Tours Culminant à 417 mètres d'altitude, le site est remarquable entre les vallées de l' Orb et du Libron. En contre_bas, étroit et escarpé, le chemin des muletiers que vous emprunterez pour revenir sur Faugères, assurait le lien entre les basses terres plantées en blé et la colline calcaire où tournaient les moulins
NDLR. Le texte de cet article a été réalisé à partir des panneaux et documents explicatifs rencontrés sur le chemin.
Malheureusement , au cours du temps, beaucoup de sites ont été dégradés et le balisage est quasi inexistant. Dommage , les Carabelles méritent mieux.
Article posté un jour de Saint Valentin !
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